Hors Classe
"Tournant de Pouilly"

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Région

Mâconnais

Appellation

Pouilly-Fuissé 1er Cru

Cépage

Chardonnay

Situation

Dans la partie nord de Fuissé et à la lisière du Hameau de Pouilly, le « Tournant de Pouilly » est un vignoble d'un hectare en deux parcelles, exposé Nord-Est et en pente douce.
Cette vigne historique est située au sein du 1er Cru "Les Reisses"

Âge des vignes

Plantée par Jean-Alfred Ferret en 1955, 1963 et 1964, cette sélection parcellaire d'un peu plus de 60 ans en moyenne, est l'une des vignes les plus âgées du domaine. Une petite parcelle de 15 ares a toutefois été replantée au printemps 2018 après une jachère de plusieurs années. En revanche, celle-ci ne rejoindra la cuvée que dans quelques années...

Sol

Le sol limono-argileux profond est très calcaire, et non caillouteux. Il est issu de marnes claires du Dogger.

Vinification

Fermentations et élevage ont lieu en fût dont 25% de fût neuf, 75% de fût de 1 à 3 vins pendant 10 mois. L'élevage se prolongea en cuve inox, toujours avec l'ensemble de leurs lies pendant encore 9 mois.
Mise en bouteille à la fin mois de mars 2023.

Dégustation

Toujours un peu austère et timide de prime abord, c'est sans aucun doute la plus "chic" des sélections parcellaires avec son touché crayeux et sa finale fraiche et persistante.

Accords mets-vin

Ravioles de pétoncles sauce au curry, turbot sauce hollandaise, Saint-Pierre au poivre de Sechuan, poularde aux morilles, Comté vieux.

Le Millésime

Comme il est coutume à présent ces dernières années, l'hiver fut doux et les excédents pluviométriques de l'automne 2020 conjugués à ceux de janvier conféraient déjà un confortable matelas hydrique pour la campagne à venir. Mais cette douceur qui accompagna la fin des travaux hivernaux n'eut d'égale que notre inquiétude dont l'ampleur augmentait à mesure que le mercure et la végétation s'élevaient.

Appréhension légitime ! Et après les pleurs, vinrent les pleurs... les uns, suintements de sève synonymes de reprise de vie, les autres amers, se firent échos des pertes. En effet, après les cruelles nuits des 6,7 et 8 avril où les gelées noires déversèrent leur froid sibérien sur toute la France fruiticole en générale et viticole en particulier, nous partîmes tremblants compter nos pertes.

Toutefois et contre toute attente compte tenu de la situation méridionale de notre vignoble au sein de la Bourgogne et de sa relative précocité, les vignes du Sud Mâconnais furent majoritairement préservées. Le cœur gonflé d'optimisme par notre bonne fortune, nous poursuivîmes nos travaux de mondage et de mouchage, tâche bien spécifique à nos vignes pliées en arcure. Tout d'abord, nous accueillîmes avec une joie non dissimulée ces pluies de mai tant convoitées les années passées. Les jours passèrent. De réjouissantes, ces pluies devinrent pesantes puis accablantes. Les 145 mm d'eau accumulés, soit deux fois plus que la moyenne décennale en mai, ne nous laissèrent d'autre choix que de délaisser les enjambeurs pour endosser quelques temps nos atomiseurs à dos ; et nos efforts ne furent pas vains. La vigne était belle et, malgré l'ombre du mildiou revigoré par de telles conditions climatiques, parfaitement saine.

Avec juin vint une légère accalmie offrant à la floraison un déroulement dans de parfaites conditions. Nous goutâmes avec délectation ces instants d'apaisement et nous nous laissâmes envouter par le parfum délicat et éphémère que nous offre la vigne en pleine fleur. Notre euphorie fut toutefois de courte durée : Le jour de l'été, ce fut l'hiver. Le 21 juin à 15.00 une pluie de grêle déferla sur les communes de Fuissé et Solutré, dévastant le côteau des 1ers Crus en revers du Mont Pouilly jusqu'alors préservé.
La fleur venait de passer idéalement : un drame.

Il nous fallut alors rassembler tout notre courage pour continuer notre tâche : choyer notre vignoble et plus encore ces vignes meurtries pour conduire à terme nos baies rescapées. « Allons, en avant, tous unis et forts ! ».
Nous n'étions toutefois pas encore au bout de nos peines. En juillet, la pluie reprit de plus belle avec cette fois 150 mm contre 40 en 2020, et toujours des températures sensiblement en dessous des normales de saison. Nous savions que la moindre faille nous aurait fait perdre définitivement la bataille contre le mildiou. Quant à l'oïdium, il n'était pas en reste avec une pression forte tout au long du cycle végétatif. Fort heureusement la rigueur de notre protection, en lien avec la lutte biologique où la répétition sans faille de faibles doses est la clé du succès, fut à la hauteur.

Puis arriva août, l'année nous annonçait toujours 15 jours de retard sur la moyenne décennale, mais nous promettait un peu de repos avec le recul des pluies. Cette accalmie perdura finalement jusqu' aux derniers jours de l'été...nous ne le savions pas encore.

Aussi, toujours dubitatifs après consultation de nos prévisions météorologiques aux premiers jours de septembre - qui demeurèrent inconstantes tout au long de cette campagne - nous décidâmes malgré l'inconfort du doute, de démarrer les vendanges le 17 septembre.

Fort heureusement, un ensoleillement et des températures supérieures aux normales permirent aux raisins de mûrir. Le beau et le chaud s'installèrent et seule une journée de pluie vint troubler ces vendanges.

Cette année plus que tout autre, c'est notre travail au chai qui permit de faire la différence. Jamais notre tri n'aura été aussi drastique, notre pressurage aussi parfaitement établi et notre débourbage aussi savamment dosé. Souvent reléguée au second plan, l'importance du travail de transformation des raisins par la main de l'homme prend pour ce millésime tout son sens. Elle est la clé pour produire un vin racé et profond.

C'est certes aujourd'hui la petite récolte jamais entrée au Domaine, mais ces cuvées sont notre fierté.

Des notes de jasmin, verveine et citron vert, une structure saline soulignée par une finale fraîche caractérisent ce millésime lumineux.

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